M’inspirant
de la fameuse assertion du général Douglas Marc-Arthur : “la jeunesse n’est pas
une période de la vie. Elle est un état d’esprit, un effet de la volonté, une qualité
de l’imagination, une intensité émotive, une victoire du courage sur la timidité,
du goût de l’aventure sur l’amour du confort. On ne devient pas vieux pour
avoir vécu un certain nombre d’années, on devient vieux parce qu’on a déserté
son idéal[..]”. Je me suis souvent mis à réfléchir sur ce qu’est la jeunesse
pour ceux qui disent tout le temps : « jeunes, vous êtes l’espoir de
ce pays, moi j’ai déjà tout essayé et ce pays-là est difficile, il est temps
que vous changiez de conception pour permettre à Haïti de renaître ». Comme
si la renaissance d’Haïti dépendrait d’un simple souhait de la génération
d’avant à la génération d’après. Or l’idéal actuel de la grande majorité des
jeunes haïtiens ne font que se conforter à l’esprit de ces gens des générations
perdues qui n’admettent pas le fait qu’il n’y a pas de génération spontanée et
que normalement l’état actuel de cette jeunesse de laquelle ils se plaignent dépend
des conséquences de leur pauvre inconséquence. Ceci résulte du fait qu’ils
n’ont pas pu prendre conscience qu’ils étaient devenus vieux parce qu’ils ont
toujours déserté leur idéal qui serait consisté en un sacrifice générationnel
en vue d’assurer ce passage de flambeau pour d’autres sacrifices dans le
bonheur du pays.
C’est à
se demander aussi si rien que le fait de dégager sa prise de conscience du
manque d’idéal de la jeunesse actuel puisse servir de tremplin idéologique à
cette renaissance que l’on souhaite. Alors que la jeunesse suit des modèles transmis
par les générations passées, d’où cette difficulté à conserver dans leur esprit
le courage de dépasser l’appât du gain, l’amour du confort, la peur du
lendemain, l’envie de se tailler un poste, une place dorée pour ne faire que
s’enrichir au détriment de la majorité d’autres jeunes. Et ceux qui se
réclament défenseur de ce changement, vont dédier sans conviction aucune aux
jeunes les plus naïfs les mots propagandistes d’élection, crématoire
manipulatoire de certains rêves « nan pouvwa sa, nou pral panse pou tout
jèn, avni peyi sa » quand la folie du pouvoir devient le coup stratégique.
Je me demande alors pourquoi ces gens-là pensent qu’il y’aurait une jeunesse après
une course à la richesse sans vraiment montrer par la suite l’effet de leur volonté
de refuser le statu quo, constituant le néant d’esprit empêchant aux jeunes de
s’ouvrir autrement vers l’avenir sans crainte du lendemain. Un lendemain où le seul espoir qu’on peut
nourrir se résume en la possession d’une grande maison, des voitures, entretenir
des femmes ou des « gars » ça et là, voyager sans relâche.
Il y’a
une fuite vers le paradis destructeur de cette pauvre jeunesse haïtienne piétinée,
manipulée, non formée, non citoyenne et non conscientisée par l’ampleur des difficultés
dans lesquelles pataugent un ensemble de gens de ce pays n’ayant aucune foi en
un lendemain meilleur pour tous et pour toutes ,réduisant leur étude à un
simple passage vers un prétendu luxe, sans réceptivité pour pouvoir se sentir concernés
en vue de rompre avec certaines vielles conceptions(sèl mwen pa ka chanje peyi
sa),et très pessimistes puisqu’ils se voient exclus ou dépendants de ces vieilles
habitudes de ces pauvres gens qui ne font que prendre Haïti comme une terre de
transit et non comme leur propre patrie. C’est ce qui me pousse à dépasser ce
cadre de pensée afin d’arriver à imposer à l’esprit une discipline pour réfléchir
à une possible innovation en vue d’atteindre un seuil d’émergence susceptible
d’animer notre quête d’idéal.
Les réflexions
à ce point vont spécifiquement se centrer sur trois termes clés qui
s’imbriquent : Jeunesse-Emergence-Innovation. (JEI)
Pour
ajouter à la réflexion de Marc Douglas, il convient de dire qu’être jeune,
c’est être enthousiaste, ouvert d’esprit, sûr de soi et de son pays, remettant
en question le statu quo, croyant en un lendemain meilleur moyennant sa
participation sans réserve aucune. Le jeune est donc celui qui préfère désobéir
pour combattre l’injustice, qui lutte pour décider de sa vie et de l’avenir de
son pays, qui est prêt à se livrer dans une lutte à mort pour la patrie et qui
croit vraiment qu’il a le pouvoir de changer la société. A cet effet, que dire
de notre jeunesse qui croupit sous le poids du passé de leurs ainés ? Comment
peut-on envisager un changement de paradigme si seulement on ne s’engage pas de
manière acharnée à lutter pour une nouvelle manière de faire, une nouvelle façon
de se concentrer sur un idéal qu’ensemble on devrait construire ; sans
envisager des ruptures à certaines formes de pensées qui retardent et empêchent
d’espérer ? Pour cela, il conviendrait de développer un esprit innovateur.
L’innovation
est le premier niveau d’engagement à prendre par les jeunes de ce pays,
puisqu’il sera tout à faire nécessaire d’émerger par un « choc du
renouveau » afin d’évacuer toute peur, toute inquiétude en évitant à ce qu’on
fasse face à la difficulté de voir que chacun adopte personnellement une
attitude par rapport à ce qui les attend demain. Il faut se porter garant de
l’aurore d’un changement qu’ensemble, par l’intermédiaire des directives définies,
on puisse se construire au moment où tout jeune se sent sensibilisé par
l’urgence de se sacrifier pour les générations à venir. D’ailleurs, il faut
dire que le but de toute innovation c’est d’améliorer l’existant par un
changement d’usages et d’habitudes, par un dépassement des coutumes drôlement conservées
dans les rouages de l’ancienneté tranquille qui constitue un véritable blocage à
nos progrès d’esprit. Ainsi, il faut dire qu’il importe de se faire sentir en
tant que jeune pour être reconnu comme existant dans un milieu social où des
gens se sentent condamnés à préserver le statu quo. L’innovation ne sera jamais
possible que s’il y’a convergence des conceptions des gens alarmées par la
situation, ajoutons la bribe de Phrase de la revue Pluriel #3 sortie en janvier
2010 sous le titre « L’Innovation ou le choc du renouveau » :
« L’idée
géniale ne se trouve pas toute seule dans un coin. Elle naît puis mûrit de la
rencontre fortuite et spontanée entre des divergences, des échanges ouverts,
des interactions inédites entre les intelligences. Elle prend sa source dans
les contrastes et les imprévus. »
Par le
biais de ce travail, sans attendre que ce soit des gens de toute génération
qui nous identifient en tant que jeunes, nous serons émergés au sein de la société
et notre image sera tenue par tous les citoyens et citoyennes désireux (ses) du
changement. L’émergence de la jeunesse au sein de la société haïtienne doit inévitablement
passer par de nouvelles manières de faire, d’agir et par l’insertion en notre
inconscient d’un idéal clairement défini selon des valeurs haïtiennes adaptées
à notre réalité anthropo-sociale. On doit poursuivre ensemble cet idéal, car on
cessera de voir en nos idées des illusions lorsqu’on que nous soyons assez
cohérents, organisé, décidé, alors serons-nous aussi nombreux qu’il le faut à soutenir
cet « idéal construit ».
Comme
le souligne l’école philosophique britannique d’émergence, il importe de lier
l’émergence à la nouveauté que puisse mobiliser notre créativité naturelle qui
sera rendue possible par nos différents dépassements. Ces derniers auront des
effets imprévisibles et imprédictibles sur la société qui se verra s’engager
dans l’effort de transcendance. Tout cela sera possible si ensemble on s’engage
à la poursuite de l’idéal construit sans crainte du lendemain.
Charly
Camilien VICTOR
Etudiant
en Psychologie et en Sciences économiques
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