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28 septembre 2016

Jeunesse, Émergence et innovation (JEI)

M’inspirant de la fameuse assertion du général Douglas Marc-Arthur : “la jeunesse n’est pas une période de la vie. Elle est un état d’esprit, un effet de la volonté, une qualité de l’imagination, une intensité émotive, une victoire du courage sur la timidité, du goût de l’aventure sur l’amour du confort. On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années, on devient vieux parce qu’on a déserté son idéal[..]”. Je me suis souvent mis à réfléchir sur ce qu’est la jeunesse pour ceux qui disent tout le temps : « jeunes, vous êtes l’espoir de ce pays, moi j’ai déjà tout essayé et ce pays-là est difficile, il est temps que vous changiez de conception pour permettre à Haïti de renaître ». Comme si la renaissance d’Haïti dépendrait d’un simple souhait de la génération d’avant à la génération d’après. Or l’idéal actuel de la grande majorité des jeunes haïtiens ne font que se conforter à l’esprit de ces gens des générations perdues qui n’admettent pas le fait qu’il n’y a pas de génération spontanée et que normalement l’état actuel de cette jeunesse de laquelle ils se plaignent dépend des conséquences de leur pauvre inconséquence. Ceci résulte du fait qu’ils n’ont pas pu prendre conscience qu’ils étaient devenus vieux parce qu’ils ont toujours déserté leur idéal qui serait consisté en un sacrifice générationnel en vue d’assurer ce passage de flambeau pour d’autres sacrifices dans le bonheur du pays.
C’est à se demander aussi si rien que le fait de dégager sa prise de conscience du manque d’idéal de la jeunesse actuel puisse servir de tremplin idéologique à cette renaissance que l’on souhaite. Alors que la jeunesse suit des modèles transmis par les générations passées, d’où cette difficulté à conserver dans leur esprit le courage de dépasser l’appât du gain, l’amour du confort, la peur du lendemain, l’envie de se tailler un poste, une place dorée pour ne faire que s’enrichir au détriment de la majorité d’autres jeunes. Et ceux qui se réclament défenseur de ce changement, vont dédier sans conviction aucune aux jeunes les plus naïfs les mots propagandistes d’élection, crématoire manipulatoire de certains rêves « nan pouvwa sa, nou pral panse pou tout jèn, avni peyi sa » quand la folie du pouvoir devient le coup stratégique. Je me demande alors pourquoi ces gens-là pensent qu’il y’aurait une jeunesse après une course à la richesse sans vraiment montrer par la suite l’effet de leur volonté de refuser le statu quo, constituant le néant d’esprit empêchant aux jeunes de s’ouvrir autrement vers l’avenir sans crainte du lendemain.  Un lendemain où le seul espoir qu’on peut nourrir se résume en la possession d’une grande maison, des voitures, entretenir des femmes ou des « gars » ça et là, voyager sans relâche.
Il y’a une fuite vers le paradis destructeur de cette pauvre jeunesse haïtienne piétinée, manipulée, non formée, non citoyenne et non conscientisée par l’ampleur des difficultés dans lesquelles pataugent un ensemble de gens de ce pays n’ayant aucune foi en un lendemain meilleur pour tous et pour toutes ,réduisant leur étude à un simple passage vers un prétendu luxe, sans réceptivité pour pouvoir se sentir concernés en vue de rompre avec certaines vielles conceptions(sèl mwen pa ka chanje peyi sa),et très pessimistes puisqu’ils se voient exclus ou dépendants de ces vieilles habitudes de ces pauvres gens qui ne font que prendre Haïti comme une terre de transit et non comme leur propre patrie. C’est ce qui me pousse à dépasser ce cadre de pensée afin d’arriver à imposer à l’esprit une discipline pour réfléchir à une possible innovation en vue d’atteindre un seuil d’émergence susceptible d’animer notre quête d’idéal.
Les réflexions à ce point vont spécifiquement se centrer sur trois termes clés qui s’imbriquent : Jeunesse-Emergence-Innovation. (JEI)
Pour ajouter à la réflexion de Marc Douglas, il convient de dire qu’être jeune, c’est être enthousiaste, ouvert d’esprit, sûr de soi et de son pays, remettant en question le statu quo, croyant en un lendemain meilleur moyennant sa participation sans réserve aucune. Le jeune est donc celui qui préfère désobéir pour combattre l’injustice, qui lutte pour décider de sa vie et de l’avenir de son pays, qui est prêt à se livrer dans une lutte à mort pour la patrie et qui croit vraiment qu’il a le pouvoir de changer la société. A cet effet, que dire de notre jeunesse qui croupit sous le poids du passé de leurs ainés ? Comment peut-on envisager un changement de paradigme si seulement on ne s’engage pas de manière acharnée à lutter pour une nouvelle manière de faire, une nouvelle façon de se concentrer sur un idéal qu’ensemble on devrait construire ; sans envisager des ruptures à certaines formes de pensées qui retardent et empêchent d’espérer ? Pour cela, il conviendrait de développer un esprit innovateur.
L’innovation est le premier niveau d’engagement à prendre par les jeunes de ce pays, puisqu’il sera tout à faire nécessaire d’émerger par un « choc du renouveau » afin d’évacuer toute peur, toute inquiétude en évitant à ce qu’on fasse face à la difficulté de voir que chacun adopte personnellement une attitude par rapport à ce qui les attend demain. Il faut se porter garant de l’aurore d’un changement qu’ensemble, par l’intermédiaire des directives définies, on puisse se construire au moment où tout jeune se sent sensibilisé par l’urgence de se sacrifier pour les générations à venir. D’ailleurs, il faut dire que le but de toute innovation c’est d’améliorer l’existant par un changement d’usages et d’habitudes, par un dépassement des coutumes drôlement conservées dans les rouages de l’ancienneté tranquille qui constitue un véritable blocage à nos progrès d’esprit. Ainsi, il faut dire qu’il importe de se faire sentir en tant que jeune pour être reconnu comme existant dans un milieu social où des gens se sentent condamnés à préserver le statu quo. L’innovation ne sera jamais possible que s’il y’a convergence des conceptions des gens alarmées par la situation, ajoutons la bribe de Phrase de la revue Pluriel #3 sortie en janvier 2010 sous le titre « L’Innovation ou le choc du renouveau » :
 « L’idée géniale ne se trouve pas toute seule dans un coin. Elle naît puis mûrit de la rencontre fortuite et spontanée entre des divergences, des échanges ouverts, des interactions inédites entre les intelligences. Elle prend sa source dans les contrastes et les imprévus. »

Par le biais de ce travail, sans attendre que ce soit des gens de toute génération qui nous identifient en tant que jeunes, nous serons émergés au sein de la société et notre image sera tenue par tous les citoyens et citoyennes désireux (ses) du changement. L’émergence de la jeunesse au sein de la société haïtienne doit inévitablement passer par de nouvelles manières de faire, d’agir et par l’insertion en notre inconscient d’un idéal clairement défini selon des valeurs haïtiennes adaptées à notre réalité anthropo-sociale. On doit poursuivre ensemble cet idéal, car on cessera de voir en nos idées des illusions lorsqu’on que nous soyons assez cohérents, organisé, décidé, alors serons-nous aussi nombreux qu’il le faut à soutenir cet « idéal construit ».
Comme le souligne l’école philosophique britannique d’émergence, il importe de lier l’émergence à la nouveauté que puisse mobiliser notre créativité naturelle qui sera rendue possible par nos différents dépassements. Ces derniers auront des effets imprévisibles et imprédictibles sur la société qui se verra s’engager dans l’effort de transcendance. Tout cela sera possible si ensemble on s’engage à la poursuite de l’idéal construit sans crainte du lendemain.
Charly Camilien VICTOR

Etudiant en Psychologie et en Sciences économiques

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